Conférence de presse de M. Jean-Yves Le Drian, ministre de l’Europe et des affaires étrangères, à l’issue de la réunion des ministres des affaires étrangères français, allemand, égyptien et jordanien consacrée au processus de paix au Proche-Orient (Le Caire, 11 janvier 2021)
Merci, Sameh, merci de nous accueillir ici au Caire. Il s’agit de notre troisième rencontre dans cette configuration. Nous nous étions réunis d’abord à Munich, puis à Amma n. Et nous allons, la prochaine fois, nous réunir à Paris. La fréquence de nos réunions est le signe de notre détermination à rester à l’initiative sur un sujet aussi important que le conflit israélo-palestinien.
La dynamique récente liée à la normalisation et au rétablissement des relations d’Israël avec les Émirats arabes unis, Bahreïn, le Soudan et le Maroc, est positive. Elle apporte une contribution importante à la stabilité et à la sécurité d’une région traversée par les crises. Mais, comme nous l’avons dit plusieurs fois au cours des derniers mois, et dans cette configuration, la paix dans la région passera aussi par une résolution juste et durable du conflit israélo-palestinien, dans le cadre du droit international et des paramètres agréés.
L’objectif est connu : c’est celui des deux États, vivant côte-à-côte le long de frontières sûres et reconnues. Le cadre, c’est celui du droit international et des résolutions du Conseil de sécurité. La méthode, c’est la négociation entre les parties. Sans négociation, il n’y aura pas de solution conforme aux aspirations des deux peuples. C’est pourquoi la priorité de notre groupe d’États européens et arabes, c’est d’identifier des pistes concrètes pour réunir les conditions d’une reprise du dialogue entre les parties, le moment venu. Nous devrons alors accompagner ce dialogue avec nos principaux partenaires, et naturellement avec les États-Unis, dont le rôle est indispensable sur la question israélo-palestinienne.
Il y a eu, ces dernières semaines, des signaux de la part des Israéliens comme des Palestiniens. Je tiens notamment à saluer la décision de l’Autorité palestinienne de reprendre la coordination sécuritaire, fiscale et civile avec Israël, en contrepartie de l’engagement israélien à respecter les accords bilatéraux passés.
Mais pour que cette coordination puisse évoluer vers un véritable dialogue politique, les Israéliens et les Palestiniens devront prendre des engagements mutuels, réalistes et progressifs. Dans la continuité de notre dernière réunion à Amman, nous avons poursuivi, ce matin, nos efforts de définition de ces engagements, selon l’approche des « petits pas » susceptibles d’abord de recréer le climat de confiance nécessaire entre les parties. Nous souhaitons désormais engager sur cette base des discussions avec chacune d’entre elles.
Pour qu’une dynamique vertueuse puisse s’engager, la logique du dialogue doit remplacer celle des actes unilatéraux, et c’est ce à quoi notre groupe veut contribuer dès à présent, parce que la situation sur le terrain, elle, n’attend pas. Merci de votre attention et merci encore à Sameh Choukry, d’avoir organisé cette réunion, à laquelle nous nous retrouvons avec plaisir, Heiko Maas et Ayman Al-Safadi, dans une vraie logique, une vraie dynamique commune d’affirmation de nos principes et d’une méthode que nous voulons voir aboutir, telle que nous l’avons déjà exposée, il y a un moment.
Q …/…
R - Nous avons la volonté d’avoir avec les États-Unis des relations étroites sur la relance du processus de paix, qu’il faudra bien mener, à un moment donné, et notre groupe de quatre a pour vigilance de rappeler en permanence cette nécessité d’une négociation impérative pour sortir de cette conflictualité.
Je voulais simplement, en complément à la question posée par le journaliste allemand, dire un mot sur la colonisation et rappeler ce que nous disons au niveau européen, ce que nous disons, l’Allemagne et la France, que la colonisation est contraire au droit international et que, si elle devait se poursuivre, elle réduirait les possibilités d’un État palestinien contigu et viable.
Et donc, nous appelons régulièrement les autorités israéliennes à s’abstenir de toute mesure en matière de colonisation. Je pense, bien sûr, à la construction de nouveaux logements dans les colonies, mais également à la destruction d’habitations palestiniennes ou de structures humanitaires, dont certaines sont d’ailleurs financées par la communauté internationale et singulièrement par l’Union européenne./.